Récemment les 50 ans du premier vol spatial habité, la mission Vostok 1, ont suscité beaucoup d'échos dans la presse écrite et sur Internet. Youri Gagarine, premier homme dans l'espace et citoyen de l'Union Soviétique, voilà un événement planétaire, un exploit prométhéen qui s'inscrit dans une longue chaîne de découvertes, fruit du travail acharnés de savants et ingénieurs comme Korolev, mais aussi de quelques esprits visionnaires dont le maître reste Constantin Tsiolkovski, fondateur de l'astronautique russe et de l'astronautique mondiale. Des écrivains ont aussi alimenté cette flamme de l'imagination et du rêve sans laquelle aucun grand dessin ne peut aboutir : Jules Verne, Henri de Parville, Achille Eyraud ou H. G. Wells.
Je n'aime pas trop les superlatifs mais à propos de Constantin Tsiolkovski, amis il n'est pas interdit de parler de génie. Comment un autodidacte de 16 ans en 1873 a-t-il pu calculer la force centrifuge qui permettrait à un vaisseau de quitter la terre ?
Constantin Tsiolkovski, rêveur et théoricien
Nommé à 25 ans professeur de mathématiques et de physique au collège de Borovsk à Kalouga, Constantin Tsiolkovski travaille sur divers sujets scientifiques : moteurs à vapeur, radiations stellaires, dirigeables. En 1895 il imagine une tour de 36 000 km de haut qui permettrait d'amener par un ascenseur des charges en orbites. En 1897, Tsiolkovsk fabrique et expérimente une petite soufflerie, la première en Russie.
Dans son ouvrage théorique L'exploration de l'espace cosmique par des engins à réaction (1903), il décrit une fusée à propergol liquide assez puissante pour se libérer de l'attraction terrestre et atteindre d'autres planètes. Il écrit la loi fondamentale du rapport de masse impliquant le découpage de la fusée en plusieurs étages. Il calcule aussi les différentes vitesses entrant en ligne de compte en astronautique et connues sous le nom de vitesses cosmiques.
Constantin Tsiolkovski imagine une station interplanétaire qui serait composée de plusieurs éléments séparés, et dont l'orbite pourrait être modifiée. La reconnaissance vient tardivement quand il est élu à l'Académie des Sciences de l'URSS en 1918 à l'âge 60 ans.
Influencé par Jules Verne, Constantin Tsiolkovski écrit aussi deux romans de science-fiction : Rêves de la Terre et du Ciel (1895), et Au-delà de la Terre (1920). En 1935, il est le conseiller technique d'un film réalisé par Vassili Zouravlev (Космический рейс, Le Voyage cosmique).
L'imagination chez Constantin Tsiolkovski est l'étendart de la science, les facultés scientifiques sont décuplées par une implication et une passion au service d'un but inlassablement poursuivi, même dans un environnement improbable comme une petite ville provinciale de la Russie impériale. Il me semble que dans l'âme russe se concentre des qualités opposées, émotionnelles et rationnelles, et que cette tension entre les extrêmes, entre imagination et esprit, raison est de nature a suciter des trouvailles géniales, des oeuvres de l'esprit exceptionnelles. C'est vrai dans le domaine de la science, mais aussi de la littérature ou d'un jeu comme les échecs.
L'âme russe s'embrase autant dans les sciences que dans la littérature, le théâtre, la musique ou les passion de la vie.Je pense à des êtres aussi dissemblables en apparence que Tchékov, Sofia Kovalevskaya, Isaac Asimov, Dmitri Chostakovitch, Michail Tal...
On pourrait croire que Constantin Tsiolkovski est encore là...Sa présence est palpable à travers ses meubles et objets quotidiens
Le vieux va t-il enfourcher une dernière fois sa bicyclette ?